« Au début, tout allait très bien. En 2001, les studios Warner Bros, qui produisent les films, n’ont pas encore développé leur actuelle politique transmédia et ne conçoivent pas encore eux-mêmes leurs adaptations vidéoludiques. Harry Potter est donc confié à l’éditeur EA Games qui décide de sortir des jeux sur toutes les consoles possibles (PC, Game Cube, Xbox, PlayStation 2, PSONE, Game Boy Color et Advance). Les trois premiers Harry Potter sont des jeux d’aventure réussis.
[…] Le vent commence hélas à tourner avec Harry Potter et la coupe de feu. Le quatrième volet de la saga illustre bien la complexité d’un changement de cible en cours de route. Les romans évoluant de plus en plus vers un public d’adolescents et d’adultes, EA Games n’ose plus se concentrer sur les enfants et se met à calquer les films. […] En un jeu, la franchise perd tout son intérêt vidéoludique et artistique pour se transformer en un simple produit dérivé. Résultat : à peine 2,3 millions de copies écoulées toutes plateformes confondues là où la licence en faisait 8 au départ rien que sur PlayStation.
[…] L’erreur est de n’avoir pas pensé la franchise dans toutes ses dimensions. En confiant la réalisation de ses licences à des tiers, Warner s’est exposé à des réalisations insuffisantes parce que non réfléchies en amont et de façon transverse. Avec des jeux de plus en plus coûteux et ambitieux, produire des ersatz de films ne peut pas suffire.
[…] Au total, la saga du sorcier aurait vendu dans les 40 millions de jeux vidéo, un chiffre assez décevant au regard de son potentiel (en comparaison, Star Wars dépasse les 120 millions de copies écoulées entre 1999 et 2015). Warner vient de lancer un jeu d’énigme sur tablette, Les Animaux fantastiques : enquêtes dans le monde des sorciers qui n’apportent, hélas, toujours rien de plus à l’histoire.
[…] Que manque-t-il donc à l’univers d’Harry Potter pour rayonner aujourd’hui dans le jeu vidéo comme il le fait sans mal au cinéma ? Peut-être la liberté. Difficile de faire un bon jeu vidéo quand l’auteur regarde sans cesse par-dessus votre épaule. Depuis le vol des manuscrits du 5e tome, qui l’a beaucoup affectée, J. K. Rowling a raffermi son contrôle sur l’ensemble de la licence et exercé plus fortement son droit de regard sur les productions. Ses représentants vérifient systématiquement tout ce qui concerne l’univers vidéoludique.
Tout n’est pas forcément perdu pour autant. Harry Potter peut encore avoir un avenir dans le jeu vidéo : son univers est assez immense pour contenir des centaines de récits complémentaires et les fans assez nombreux pour participer à l’aventure. »
Source : Pourquoi les jeux vidéo Harry Potter ont pratiquement disparu
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